Ne pas se sentir compris ou soutenu par ses parents ou son tuteur peut être très difficile pour bien des enfants et des adolescents ayant reçu un diagnostic de dépression.
Les tensions que cela engendre pourraient s’expliquer en partie par les progrès accomplis au cours de la dernière décennie en matière d’ouverture et de soutien à l’égard des problèmes de santé mentale. Le dialogue en ligne et hors ligne a grandement évolué. Néanmoins, nombreux sont les parents qui ont vécu à une époque où les préjugés et le silence étaient monnaie courante. Il reste encore beaucoup à accomplir pour faire tomber les barrières et construire de nouvelles perspectives.
Je crois que le dialogue est essentiel dès les premiers stades de l’enfance et de l’adolescence. Ce sont sans doute des périodes de la vie qui sont difficiles pour quiconque. L’absence de dialogue peut ériger des barrières qui empêchent les gens de rechercher de l’aide, du soutien ou un diagnostic afin de comprendre ce qu’ils sont en train de vivre, ce qui peut avoir des répercussions permanentes.
Nous avons demandé aux membres de la communauté The One Project, qui est formée de personnes voulant améliorer leur santé mentale, ce qu’ils souhaiteraient que leurs parents sachent à propos de leur dépression. Voici quelques-uns des témoignages que nous avons reçus.
Ma mère connaît mes problèmes de santé mentale. Elle sait aussi que j’ai une relation difficile avec mon père. Il a trahi notre famille en fréquentant d’autres femmes. Maman et moi l’avons quitté. Je continue de l’éviter. Nous ne nous sommes pas vus depuis plusieurs années.
Maman a souffert de dépression et de migraines lorsque mes parents se sont séparés. J’étais là pour elle. Elle n’avait personne d’autre. Mais j’étais une adolescente...
Elle sait que j’ai de la difficulté à lui pardonner. J’essaie tant bien que mal de me réconcilier avec ce pan de mon passé.
Ce qu’elle ne sait pas, c’est que ses attentes élevées ont eu un impact sur ma propre santé mentale.
Je n’ai pas pu réaliser son souhait et son rêve de me voir devenir une femme accomplie. J’ai l’impression de l’avoir déçue.
Ma mère était une première de classe durant toutes ses études. Pas moi. Toutes les possibilités s’offraient à elle. Je n’ai pas su tirer profit des miennes.
C’est ce qu’elle pensait. Et c’est ce qu’elle continue de penser.
Je ne lui ai jamais dit que ses attentes étaient à l’origine de mes pires sentiments et qu’elles influencent mes pensées et mes émotions.
Je ne satisfais pas à ses critères de ce qui est bon ou meilleur. Je ne satisfais pas à mes propres critères non plus.
Est-ce que je veux vraiment qu’elle le sache?
Est-ce que je veux vraiment lui imposer un tel fardeau?
J’ai souvent souhaité que mon passé s’envole comme un ballon au vent. Mais sans mon passé, je ne serais pas devenue la personne que je suis aujourd’hui.
Je ne suis pas fière de moi. Je n’ai rien de spécial à offrir ou à partager. Ma personnalité ne se démarque pas. Mais je suis moi. C’est tout.
— Kali Mahavidya
« Papa, j’ai besoin que tu sois mon père, pas mon médecin. »
« Maman, il n’y a pas de mal à pleurer. Ne cache pas tes craintes. C’est en partie ce qui nous a mené où nous sommes aujourd’hui. »
J’ai toujours fait semblant que tout allait bien.
Lorsque j’ai été prise de crises de panique, c’était correct.
Lorsqu’il m’est devenu impossible de fonctionner au travail, c’était correct.
Lorsque je me suis mise à me blesser plusieurs fois par jour, c’était correct.
Lorsque je sentais que je ne voulais plus être en vie, c’était correct.
Bien sûr, rien de cela n’était correct, mais j’ai grandi dans une famille où on évitait de soulever, de mentionner ou de dire ce qui n’allait pas. Les sujets lourds et sombres n’avaient pas leur place.
Maman, Papa : si vous ne faites pas une place à ce qui est lourd et sombre, ces choses s’imposeront d’elles-mêmes. J’ai appris que le fait de détourner le regard ou de se boucher les oreilles ne règle rien. Avant longtemps, vous sentirez aune petite tape sur votre épaule. Il ne faut pas en avoir peur, La douleur n’est pas l’ennemi. La douleur est un cadeau.
Continuer de marcher sur une jambe cassée comme si de rien était ne la fera pas guérir.
Nous devons cesser d’agir ainsi. Nous devons examiner notre blessure et nous dire « Ça fait mal, quelque chose ne va pas. » Nous devons examiner notre côté sombre et nous demander « qu’est-ce que je dois en retirer? »
Maman, Papa, j’ai un côté lumineux et un côté sombre. Et c’est tout à fait correct. Ça peut même être beau. Discutons-en.
— Erin Avenant
La dépression est la maladie la plus couramment liée suicide. Bien souvent, elle n’est pas diagnostiquée ni traitée. Recherchez immédiatement de l’aide si vous ou une personne que vous connaissez présente des signes d’idées suicidaires, dont les suivants :
Vous pouvez obtenir de l’aide sans frais 24 sur 24, 7 jours sur 7. Téléphonez au service d’assistance au 800-273-8255 ou textez TALK au 741741 pour texter avec un conseiller dûment formé en gestion de crise.
(Avertissement : Cette histoire contient des éléments explicites, sensibles et descriptifs liés à l’abus sexuel.)
Pendant des années, j’ai essayé de comprendre le trou de mémoire que j’ai par rapport à mon adolescence, avant la période de ma vie où j’ai été prise en charge par le système de familles d’accueil. Beaucoup de gens croient à tort, ou préfèrent croire, que mes plus grandes difficultés ont commencé à ce moment-là. Or, cela a commencé bien avant.
Les adultes dans ma vie étaient censés me protéger. Or, ils ne m’ont offert aucune protection contre les éléments extérieurs! J’étais entourée de personnes qui manquaient de jugement et qui entretenaient des idées fausses au sujet de ce qui est important. Je subissais de multiples avances de la part d’hommes plus âgés qui étaient censés être des amis de la famille ou des partenaires potentiels de certains membres de ma famille.
Lorsqu’un trafiquant de drogue est entré dans ma chambre au milieu de la nuit, c’est la goutte qui a fait déborder le vase. Il m’a réveillée et m’a encouragée à me geler en échange de faveurs sexuelles. Il a quitté la chambre après de multiples tentatives et mon refus répété. Comme il était à court de drogue du viol, il n’a pas pu obtenir ce qu’il désirait.
Je suis sortie peu après lui et je me suis fait grondée par l’amie de la famille chez qui je demeurais. Elle a insisté pour que je lui dise ce que j’avais fait pour pouvoir me geler avec lui cette soirée-là. Tout ce que j’ai pu répondre, c’était « rien ».
Je ne savais pas quoi dire. J’avais 10 ans! Je n’avais pas besoin d’un sermon ou d’être grondée. J’avais plutôt besoin qu’un héros défonce la porte et le mette dehors! Malheureusement, ce même homme a fait subir la même chose à plusieurs autres filles de mon âge. Elles n’ont pas été en mesure de repousser ses avances.
J’ai commencé à ressentir la solitude et l’isolement avant d’être placée en famille d’accueil. Personne n’écoutait, donc personne n’entendait. J’ai perdu ma virginité vers l’âge de 10 ans, espérant que les hommes cesseraient de me tourner autour. On m’a plutôt cataloguée de pute. J’en suis donc devenue une plus tard.
C’est dans le silence que j’ai fait ma première tentative de suicide vers l’âge de 10 ans. Je n’arrivais juste pas à comprendre quels avaient été mes torts.
Ma réalité a glissé dans un sombre brouillard de honte, de violence et de rage durant cette période. Je ne pouvais plus supporter ce que je voyais dans le monde qui m’entourait. Je savais seulement comment je pouvais y réagir. En perdant le contrôle.
Je suppose qu’avoir le pire comportement possible était la seule chose sur laquelle j’avais une emprise. J’ai tout oublié, jusqu’au jour où ma mère m’a emmenée dans un centre de services sociaux en demandant qu’on me garde, faute de quoi elle s’enlèverait la vie. Le fardeau que je lui imposais était trop lourd.
C’était le 28 mai 1998. Je me suis réveillée cette journée-là! Je tremble en y repensant.
J’ai suivi des années de thérapie dans le système de familles d’accueil. J’ai pris toutes sortes de pilules. Mon diagnostic changeait constamment. Personne n’essayait de comprendre ce qui se cachait derrière mon comportement destructeur!
Encore une fois, personne n’écoutait, donc personne n’entendait! On ne cherchait pas à comprendre le langage qui accompagnait ce comportement! Mon sentiment d’isolement s’est accru, alimentant mon comportement perturbateur et entraînant d’autres tentatives de suicide.
Peut-être que tout ce que j’avais besoin d’entendre, c’est que ma colère était tout à fait justifiée! J’avais toutes les raisons du monde d’être aussi triste et confuse! « Laisse-nous te montrer comment contenir ta colère et composer avec ». Je me suis toujours demandé ce que ces mots auraient eu comme signification pour l’adolescente que j’étais.
Mais, ce n’est pas ce qui s’est passé. L’enfant délinquante et incontrôlable que j’étais est devenue à l’âge adulte la femme inconsolable que je suis aujourd’hui.
— Crystal Hundley
L’abus sexuel subi durant son enfance peut avec des répercussions graves et permanentes. L’abus sexuel n’est pas toujours facile à déceler. Écoutez votre instinct; si vous sentez que quelque chose ne va pas chez un enfant, parlez-lui. Surveillez les signes d’abus sexuel suivants chez les enfants :
Si vous soupçonnez qu’un enfant est victime d’abus sexuel, téléphonez au service d’assistance
Il existe de nombreuses façons de soutenir une personne atteinte de dépression. Soyez à l’écoute, soyez présent, et témoignez-nous ou verbalisez votre soutien et votre acceptation. Cet appel s’adresse aussi aux parents et aux tuteurs.
L’impact de leur soutien peut être encore plus important.
Pour obtenir de plus amples renseignements sur la prise en charge de la dépression, consultez votre médecin ou votre équipe de soins de santé.