Devenir parent change votre vie à tout jamais. En un instant, vous devenez responsable de la vie de votre nouvel enfant.
Bien que le rôle de parent ait été analysé en long et en large, il est un sujet qu’on aborde rarement, soit les effets aggravants de la dépression post-partum sur le stress quotidien que vivent les parents.
Un parent qui vit une dépression peut se sentir isolé. Vous vous sentez peut-être obligé(e) de vous cacher derrière une façade pour éviter d’être jugé ou perçu comme un mauvais parent.
Vous pourriez trouver la barre très haute. En réalité, ce n’est pas évident pour personne.
Nous avons invité les membres de la communauté The One Project à nous raconter comment ils ont composé avec la dépression tout en élevant des nouveau-nés, de jeunes enfants et des adolescents.
Nos membres ont expliqué les répercussions de la dépression sur leur rôle de parent, comment ils ont mis un terme aux préjugés et à la loi du silence au sein de leur famille, et comment ils donnent l’exemple en demandant de l’aide.
Je suis reconnaissant envers Carmen, Aaron et Leandra d’avoir accepté de parler aussi ouvertement de leur expérience! J’espère que leurs témoignages contribueront à alimenter les conversations.
Au départ, mon parcours avec la dépression post-partum (DPP) ne correspondait en rien aux idées reçues selon lesquelles celle-ci se manifeste par une incapacité à s’attacher à son bébé. Lorsque la DPP s’est installée, j’ai été prise d’un élan protecteur quasi primitif. Mon entourage en a simplement conclu que le processus d’attachement se passait « plutôt bien ».
J’ai réalisé que quelque chose clochait lorsque j’ai même eu de la difficulté à laisser mon partenaire prendre notre bébé dans ses bras. Je suis devenue agoraphobe. Je refusais de quitter la maison, de crainte de perdre le bébé. Je pensais qu’il tomberait malade si nous sortions de la maison. J’ai réalisé que j’avais peut-être un problème qui surpassait de loin ma capacité à comprendre ce qui m’arrivait ou à y faire face.
Je suis toutefois demeurée stoïque, ancrée dans ma peur.
J’étais prise d’un désespoir grandissant. Je refusais toute aide. Personne ne connaissait mon secret. La situation a donc perduré.
C’est la première fois que je m’exprime au sujet de ma maladie. J’ai de la difficulté à en parler, même 11 ans plus tard.
Le collage que j’ai fait pour accompagner cet extrait montre ce qui se passait dans ma tête à ce moment-là. Une fleur bleue pousse parmi les fissures qui, selon moi, lézardaient mon bien-être.
J’aimerais un jour écrire un livre sur ce sujet. Si seulement je trouve la confiance nécessaire.
Merci de m’avoir lue. ❤️
— Carmen Scott
De nos jours, il est impossible pour un parent d’accompagner ses enfants dans tout ce qu’ils font. Imaginez quand un élément inattendu comme la dépression s’ajoute à la donne.
Vous faites semblant que vous pouvez être présent, mais à l’intérieur, vous vous sentez plus loin que jamais.
Comment expliquer la dépression à un enfant quand vous avez de la peine à vous l’expliquer vous-même? Les seules connaissances que j’ai sur la dépression reposent sur ma propre expérience et les recherches que j’ai effectuées.
Mon partenaire et moi avons décidé d’exposer nos enfants de manière contrôlée à la dépression. J’essaie d’exprimer tous mes sentiments, qu’ils soient bons ou mauvais.
Lorsque j’ai le moral bas, je suis honnête avec mes enfants. Je leur dis et je ne manque pas de leur préciser que je les aime inconditionnellement.
Chaque fois que je perds mon calme, je m’excuse et j’essaie de leur expliquer calmement pourquoi je me suis énervée et que ce n’est pas de leur faute. Je le répète : CE N’EST PAS DE LEUR FAUTE.
Je ne voudrais jamais que mes enfants pensent qu’ils sont responsables de ma dépression. Il s’agit d’un combat intérieur. Je veux qu’ils sachent qu’ils sont le meilleur médicament contre ma dépression.
Les enfants sont perspicaces, et ce, bien plus que nous le croyons.
Il peut être tentant de laisser vos enfants se forger leur propre compréhension de la dépression. Je pense qu’il est préférable d’être ouvert et honnête, et de ne pas avoir honte de vos sentiments. Expliquez-leur du mieux que vous pouvez pourquoi vous vous sentez ainsi.
Cette approche m’a rapprochée de ma famille comme jamais auparavant. Elle m’a permis de recevoir, lorsque j’en avais le plus besoin, une multitude de câlins de petits humains dotés du plus grand coeur.
— Aaron Rouselle
Être parent tout en combattant la dépression n’a pas été facile ni pour moi ni pour mes enfants.
Les explosions de colère. Le manque d’énergie. La négativité. Les journées passées à dormir et à ne rien faire. Les chignons décoiffés et l’hygiène déficiente. Mes enfants ont tout vu.
Mais, en réalité, ils ont bénéficié des conversations profondes que nous avons eues. Ils savent que je suis authentique. Dans mes paroles comme dans mes gestes.
Ils m’ont vue chercher de l’aide dans une clinique de santé mentale. Ils m’ont vue me rendre à des séances de counseling. Revivre le passé. Ils ont reçu mes excuses et mes câlins. Mon amour.
Je suis plus dure envers moi-même qu’eux ne le sont. Je suis profondément désolée.
Ce sont toutefois mes enfants qui ont été ma source de motivation pour chercher de l’aide. Je voulais être plus heureuse, plus équilibrée et plus posée pour eux.
J’ai encore du chemin à faire, mais j’ai nettement progressé! Je suis très reconnaissante envers eux et envers mon époux! J’ai une belle vie à vivre. C’est eux qui me motivent à aller de l’avant.💕
Voici une photo de mes enfants prise alors que je vivais le deuil du décès de mère. Ils étaient tellement contents que je les aie emmenés au parc. J’étais heureuse d’avoir assez d’énergie pour le faire! Mon fils n’a jamais rencontré ma mère. Elle est décédée une année avant que je ne tombe enceinte de lui.
Je crois que plus nous serons ouverts à propos de notre santé mentale, mieux nous pourrons nous soutenir l’un l’autre. Nous devrions parler de ce que c’est qu’être un parent atteint de dépression et de l’expérience de la DPP.
Il est possible que nos enfants soient eux aussi confrontés à la dépression, l’anxiété et d’autres problèmes de santé mentale lorsqu’ils deviendront adolescents.
Ils auront une très bonne longueur d’avance s’ils ont déjà été exposés à un problème de santé mentale et qu’on leur a appris qu’il est tout à fait acceptable d’en parler et de demander de l’aide.
Prenons cette initiative ensemble.
Pour obtenir de plus amples renseignements sur la prise en charge de la dépression, consultez votre médecin ou votre équipe de soins de santé.