Autrice du blogue Life In a Breakdown, Sarah Bailey écrit une lettre ouverte pour l’aider à surmonter la perte de sa chienne Sally.
Sally était une chienne dont personne ne voulait que j’ai adoptée. Au début, je crois que j’ai sauvé sa vie, mais j’ai fini par réaliser qu’elle aussi m’a sauvée. Durant tout le temps qu’elle était avec moi, elle m’a aidée à surmonter mes problèmes de santé, les défis du quotidien et de très mauvaises relations.
Elle occupait une place très importante dans ma vie jusqu’à son décès il y a quelques mois. Ce qui suit est une lettre d’adieu que je lui adresse, une réflexion sur le temps que nous avons passé ensemble et un témoignage de ma gratitude pour le soutien qu’elle m’a généreusement apporté.
Tu es entrée dans ma vie il y a 13 ans. Au départ, tu ne devais pas être à moi, car tu appartenais à quelqu’un d’autre. Mais cette personne ne pouvait plus s’occuper de toi et tu t’es attachée à moi. Au début, je ne me suis pas trop attachée à toi, mais je pense que tu en étais consciente : tu as su dès notre rencontre que tu deviendrais ma raison de persévérer, ma raison de survivre.
Au début, tu avais l’air piteux, bien que c’était compréhensible après un séjour de cinq mois dans un refuge pour chiens. En fait, tu avais déjà vécu cinq longues années d’une vie qui avait dû être dure et angoissante.
C’est lui, et non moi, qui a choisi de t’emmener chez nous. Mais dès que nous sommes arrivés à la maison, je me suis recroquevillée dans mon lit et me suis mise à pleurer, car je savais qu’il ne s’occuperait pas de toi. On aurait dit que tu l’avais compris toi aussi lorsque tu as sauté sur le lit pour te blottir contre mon dos.
Je ne pouvais m’empêcher de me demander ce que j’avais fait pour te mériter. Au cours des mois qui ont suivi, j’étais très ambivalente. Qu’est-ce que j’avais fait? Je n’avais pas la moindre idée comment m’occuper d’un chien! J’ai failli te ramener au refuge.
J’essayais de te faire jouer en te lançant un morceau de fromage enveloppé dans un mouchoir afin que tu t’élances pour l’attraper. Sans surprise, tu n’as jamais vraiment pris goût à ce jeu. Tu as manifesté temporairement de l’intérêt pour des boîtes, des bouteilles, du papier, ou même une balle, mais au bout du compte, c’est une brosse qui nous a rapprochées. Je m’assoyais et brossais ta fourrure pendant des heures, les larmes coulant le long de mon visage, en me demandant comment je m’étais retrouvée dans cette situation. Tu demeurais assise en silence en face de moi.
Je lui ai cependant tenu tête et il est parti peu de temps après; il ne restait que toi et moi.
En moins d’une année, tu avais changé ma vie. Je m’étais libérée du cycle d’abus, et mes parents se sont occupés de toi durant la période où je suis demeurée dans un refuge. Je leur serai toujours redevable de m’avoir permis de prendre le temps nécessaire pour me rétablir, apprendre et grandir.
C’est grâce à toi Sally si je l’ai quitté. Je me devais d’agir lorsqu’il a commencé à te frapper. Personne n’avait le droit de frapper mon chien.
Nous avons finalement emménagé ensemble dans un appartement, et même s’il était modeste, nous étions chez nous. Tu étais très sage, mais comme je t’avais enseigné auparavant à sauter par la fenêtre, je craignais que ça se retourne contre moi maintenant que nous vivions au premier étage. Tu adorais t’asseoir sur le lit et regarder le monde défiler par la fenêtre. Je savais toujours que tu serais postée là lorsque tu n’étais pas blottie contre moi.
Lorsque je n’allais pas bien, tu étais toujours là pour moi. Je voulais parfois me faire du mal, mais dans ces moments-là, tu me plaquais sur le lit et tu m’empêchais de me lever tant que je ne m’étais pas calmée.
Tu tournais en rond dans l’appartement, revenant régulièrement vers moi pour me renifler. C’était ta façon à toi de me surveiller. On aurait dit que tu pouvais le sentir quand mes symptômes de dépression ou d’anxiété refaisaient surface. Lorsque tu n’aimais pas ce que tu sentais, tu devenais espiègle. Tu refusais de te calmer tant que je n’avais pas souri ou ri et que je ne t’avais pas donné de l’attention.
Tu es devenue ma raison de me lever le matin et de me coucher le soir. Je devais tenir bon car tu avais besoin de moi, et moi de toi.
Cela n’a jamais changé au fil des ans. Je savais que tu avais besoin de moi Sally, et je savais aussi que je ne pouvais pas te laisser tomber. Ainsi, même lorsque des nuages sombres planaient au-dessus de ma tête ou que je sentais que mon corps n’en pouvait plus, je trouvais l’énergie nécessaire pour te nourrir et te faire sortir – ce qui me mettait le sourire aux lèvres. C’était ma responsabilité de te prendre soin de toi, tout comme tu le faisais en retour pour moi.
Cette dernière année a été difficile et très éprouvante pour toi, bien que tu ne te sois jamais plainte. Tu collaborais pleinement lors de tes séances d’hydrothérapie, qui avaient un effet bénéfique sur tes pattes. Ce n’est que lorsque nous avons fait un voyage pour visiter ma famille et qu’ils ont fait des commentaires sur ta maigreur que j’ai réalisé à quel point tu avais changé. Tu as eu de la difficulté à supporter ce voyage, malgré le fait que tu y prenais autrefois beaucoup de plaisir.
À notre retour à la maison, je t’ai emmenée chez le vétérinaire, qui m’a annoncé qu’il ne te restait que quelques mois à vivre. J’ai pleuré à chaudes larmes. Qu’allais-je faire sans toi?
Je t’avais toujours promis que si tu te rendais à l’âge de 18 ans, on fêterait ça... et c’est ce que nous avons fait! Au menu : ballons, un repas spécial au poulet (cuisiné par Maman, bien sûr), cartes et « vin » Pawsecco. Comme toujours, tu adorais recevoir autant d’attention et même si tu ne prenais plus plaisir à déballer des cadeaux, tu étais enchantée de recevoir autant de caresses et qu’on s’occupe de toi.
Tu as tenu jusqu’au 26 avril. Lorsque je me suis levée ce matin-là, j’ai compris que tu n’en pouvais plus. Mes parents et moi t’avons emmenée d’urgence chez le vétérinaire. Tu as été tellement brave jusqu’à la toute fin, et je t’ai promis que je resterais à tes côtés jusqu’à ce que tu franchisses le pont de l’arc-en-ciel.
Chaque jour, je me réveille en te cherchant – pour te faire entrer ou sortir, m’occuper de toi et te donner ton déjeuner. Jusqu’à ce que je réalise que tu n’es plus à mes côtés.
J’ai de la difficulté à l’admettre, mais ma santé mentale en prend un coup. Tu me manques tellement. Je passe plus de temps au lit, car je sens parfois que je n’ai plus vraiment de raison de me lever et de sortir de la maison.
Ce que je sais cependant, c’est que si tu étais encore là, tu ne serais pas contente de me voir me morfondre. Tu me regarderais comme si tu me grondais et tu essayerais de me remonter le moral.
Tout ce que je peux faire pour le moment, c’est de te remercier Sally. Merci pour tout ce que tu as fait pour moi. Merci de m’avoir fait rire et sourire. Merci de m’avoir donné une raison de persévérer.